Avant, relire ce message de Murdoc :
et se rappeler de ça :
Si vous voyez des fautes, des moments où j'ai mis "mains" au lieu de "pattes", n'hésitez pas à me le faire savoir...
Pour la fête des morts d'étranges personnes sont de sortie sur Alidhan. A croire que les portes de l'enfer se sont ouvertes et qu'elles déversent toutes leurs immondices dans nos belles contrées (ou alors c'est l'hôpital psychiatrique de Cyrosh qui fait une journée portes ouvertes, allez savoir).
En tout cas tout ce beau monde a besoin d'aide... Peut-être trouverez vous votre compte en les aidant... ou alors cela pourrait juste devenir un peu votre fête à vous aussi.
Par contre il se pourrait que certains êtres ne se montrent pas tout de suite. Ils aiment peut être se faire désirer.
et se rappeler de ça :
J’ouvre les yeux. Aucune lumière ne vient à eux. Je laisse basculer ma tête en avant, les referme et me rendors.
J’ouvre les yeux de nouveau. La fatigue est encore présente, pire qu’avant même. Je fais un rapide état des lieux pour en arriver à me poser deux questions : où suis-je, et comment suis-je arriver ici. Je décide d’essayer de me rappeler un ou deux détails qui pourraient m’aiguiller vers une quelconque piste sur le comment du pourquoi.
Par où commencer ? Tout d’abord, il y a eu cet étrange brouillard jaunâtre hier matin. Et puis, cet homme, ou plutôt cet être aux apparences humaines qui me demanda des fioles de sang. Je tente de me rappeler pourquoi j’ai accepté. Tout ce dont je me rappelle, ce sont ses yeux. Terribles yeux. Toujours est-il que je lui ai apporté, ces fichues fioles.
Je passe la patte dans ma nuque, et réalise que j’ai quelque chose de collé sur la patte. Je rampe vers la porte, et plus précisément vers la serrure de cette dernière, seule source de lumière ici-bas. Du sang. Sur mes deux pattes. Je suis pris d’un vertige. Je suis assis par terre, adossé à la porte, mais le vertige est trop fort. Des frissons me déchirent et je m’écroule. Recroquevillé, je me rendors. Ou plutôt, je m’évanouis. Troisième réveil. Je tourne la tête pour vérifier que je suis toujours dans ce lieu. Mauvaise nouvelle, j’y suis encore. Je reprend mon travail de mémoire, sans prendre le risque de bouger.
Les yeux. Même une fois le brouillard dissipé, ils restaient terrifiants. Je tendis les fioles, tandis qu’il me demanda de trouver son frère, qui aimait jouer dans les cimetières. Toujours sans savoir pourquoi, j’acceptai de nouveau. Je me mis en route en direction de l’Ancien Cimetière. Arrivé là-bas, je me rappelle une sensation de mal-être. Le brouillard s’était comme déplacé jusqu’ici. Et personne à l’horizon. Personne, à part cette chauve-souris, posée sur la tombe d’un quelconque inconnu, et ce en plein jour. Au lieu de faire demi-tour, je me souviens m’être approché de l’animal, attiré par ses yeux. Les mêmes yeux. Je compris alors.
Un bruit. Dehors. Quelqu’un approche. Je rampe au plus vite dans un coin de la pièce, et me recroqueville de nouveau. Les bruits de pas se rapprochent. Ma respiration accélère, et se fixe sur le rythme des pas. La porte s’ouvre, et la lumière qui se dégage de l’ouverture m’éblouie littéralement. Je ferme les yeux et me contente d’écouter les bruits de pas se rapprochant jusqu’à cesser, à quelques centimètres de moi.
- Alors, c’est donc toi le nouveau de notre… bande ? Me dit une voix rauque.
J’ai peur de comprendre, mais je ne réponds rien.
- Tu comprendras qu’on te laisse dans le noir complet, du moins les premiers jours. Le temps que ton… traitement fasse effet. Ensuite, tu pourras de nouveau déambuler où bon te chantera.
Puis, accompagné d’un léger rire nerveux, il ressort sans rien ajouter. Je rouvre les yeux, et reprend mon travail de réflexion.
Ca devait être son frère. M’arrêtant à environ un mètre de l’animal, je lui expliquai que son frère l’attendait aux alentours de la Faille. L’animal, comme s’il me comprenait, s’envola. Le suivant des yeux jusqu’à ce qu’il ait disparu de mon champ de vision, c’est seulement à cet instant que je réalisai que les brouillard s’était dissipé de nouveau. Et c’est là que je les vis. Cinq potirons, posés à même le sol. Et accroché à l’un d’entre eux, un médaillon. Je le soulevai et le mettais bien en exposition à la lumière du jour pour observer attentivement les détails de la pierre. Je plaçai le médaillon autour du cou puis, sans trop savoir pourquoi, je mis les légumes dans ma besace.
Je pris la route de Mérulik. Arrivé sur place, la nuit était tombé depuis quelques heures. Mais je remarquai que la nuit était accompagné de Ce brouillard, vu à deux reprises dans la journée. Mon estomac criait famine, et la seule chose de comestible à l’intérieur de ma besace était les cinq potirons. J’en découpai un morceau et l’ingurgitait. Aussitôt, une douleur au crane. Je m’écroulai au sol, me tordant de douleur et criant pour que ça s’arrête. « Ca », c’était les voix que j’entendais. Les lieux étaient déserts, mais je les entendais. « Bouffer »… J’allais être bouffé, me disait la voix. Cette voix était d’autant plus tranchante que ce n’était qu’un murmure, comme si je prononçais ces mots. Mais ma bouche était occupé à crier, à hurler pour que tout s’arrête. Et malgré les cris de désespoir, le murmure était toujours au premier niveau de mon ouïe.
Quelqu’un s’approcha de moi. Il portait une longue cape, et sa capuche cachait son visage. « Bouffer… Il va te bouffer ! », m’indiqua la voix. Plus il s’approchait de moi, et plus la douleur était intense… Plus il s’approchait de moi, et plus les voix devenaient puissantes dans ma tête… Plus il s’approchait de moi, et plus l’idée germait en moi. Le tuer. Et tout s’arrêterait. « Bouffer… Il va te bouffer ! ». Si j’obéissais à la voix, la douleur cesserait. « Bouffer... Bouffer ! ». Je me jetai sur l’individu et le rouait de coups. Puis… Puis… Plus rien.
Le sang sur mes pattes. C’est donc celui de cet homme ? Je tremble. Est-ce le froid ou la peur ? Je passe la main à mon cou. Le médaillon. J’avale ma salive et rampe jusqu’à la porte. Suis-je donc un vampire ? La lumière du jour, le sang, les voix, le brouillard… Je prends ma tête entre mes mains et contracte chaque muscle de mon visage, comme pour faire jaillir violemment une once de cohérence dans cette histoire. Je cogne à la porte. Je veux comprendre. Je cogne, encore et encore, et continue tout de même alors que j’entends quelqu’un arriver au pas de course. La porte s’ouvre et je garde difficilement les yeux ouverts.
Devant moi, un homme vêtu d’une longue blouse blanche parsemée de traces de sang. Son visage est aussi pâle que les partis intactes de son vêtement. Il me parle et je réalise que c’est l’homme qui est venu me voir auparavant.
- Tu en fais un de ces vacarmes, me dit-il négligemment. Tu étais plus sympathique lorsque tu dormais.
- Je… J’ai… J’ai dormi pendant longtemps ? Où suis-je ? Comment suis-je arr…
- Chaque chose en son temps. Entends-tu toujours ces voix qui te disent de me bouffer ?
- De vous… Mais non ! Je… Les voix me disaient que… C’était vous à Mérulik ?
- Non… Mais le fossoyeur. Il a d’ailleurs bien failli s’acheter un terrain définitivement sur son lieu de travail. Heureusement que nous sommes arrivés à temps.
- Mais alors, vous aussi, je veux dire… J’ai tenté de…
- De me tuer ? Oui. Tout comme tu as tenté de tuer la moitié du personnel de l’hôpital.
- L’hôpital ? Je suis à l’hôpital ?
- Oui. Hôpital psychiatrique de Cyrosh. On a eu dix-huit admissions avant-hier au soir pour des cas similaires au tien. Et chacun de vous avait de ces potirons dans sa besace. Cette année encore, on-ne-sait-qui s’amuse à déposer de ces potirons magiquement modifiés un peu partout pour créer des évènements atroces. Chaque année. Le 31 Octobre. Des dizaines de personnes tuées, le double de blessées. Et toujours aucune idée de qui crée ces légumes. La fête des morts, laissez-mois rire. Après dix-huit ans à côtoyer des atteints du bulbe qui ont pris une drogue, ça me fait doucement rire.
- Mais… Pourquoi ne pas avertir la population ?
- J’ai des ordres. Révéler la « supercherie », ça tuerait les bénéfices faits à cette époque de l’année. La vente de citrouille, de balais, de poupées vaudou, tout ça disparaitrait si on apprenait que tout n’est que l’œuvre d’un cinglé.
Les jours ont passé. Je sors de l’hôpital, les effets secondaires ne seraient pas trop gênants, m’avait dit le docteur. Je passe sur la place de Cyrosh, puis à côté du cimetière. Et là, j’entends comme… un murmure… « Bouffer… Tu vas te faire bouffer… ». Je me retournai, personne. Je pris l’amulette et regardai le serpent qu’elle représentait. Le murmure… La voix susurrante venait donc de lui. Je place l’amulette dans un mouchoir et place ce dernier dans ma besace.
Je reprend mon chemin et, en redressant la tête, tombe nez à nez avec Roukmout. Sacré Roukmout. Les renards ne sont pas si terribles que ça. Depuis toujours il m'offre des carottes car il me trouve trop maigre et a peur pour ma santé.
Et là, alors que le goupil me tend une carotte, je le sens comme vibrer dans ma besace.
Le serpent, il me prévient.
"Bouffer."
Le renard veut me bouffer.
Je lui demande alors :
- Tu étais où le soir du 31 Octobre ?
- A Mérulik, je t'y ai vu d'ailleurs, quand tu as agressé le fossoyeur. J'étais à quelques mètres de vous.
"Bouffer."
C'était pas le fossoyeur.
"Bouffer."
Le renard veut me bouffer.
Si vous voyez des fautes, des moments où j'ai mis "mains" au lieu de "pattes", n'hésitez pas à me le faire savoir...